Coalition européenne contre le cancer du sein
Lutter pour des soins optimaux

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Lettre au ministre des affaires sociales concernant la réforme des soins oncologiques

Europa Donna Belgium vzw-asbl
Middaglijnstraat, 10, Rue du Mérédien
B-1210 Brussel - Bruxelles
Bruxelles, le 23. Avril 2002
Au Cabinet de Monsieur le Ministre
F. Vandenbroucke
Ministre des Affaires Sociales et des Pensions
Rue de la Loi, 62
B-1040 Bruxelles
Concerne :
  • Arrêté royal fixant les normes auxquelles le programme de soins de base en oncologie et le programme de soins d’oncologie doivent répondre pour être agréés (version 27-11-2001).
  • Projet d’arrêté ministériel fixant les critères spéciaux d’agrément des médecins porteurs du titre professionnel particulier d’interniste-oncologue ou de pédiatre-oncologue ainsi que des maîtres de stage et des services de stage (version 27-11-2001).
Monsieur le Ministre,

Europa Donna Belgium a examiné attentivement les projets d’arrêtés royal et ministériel précités. Nous nous réjouissons que des mesures soient prises dans le domaine du traitement du cancer et en particulier

  • de l’établissement d’une réglementation des soins en oncologie et de l’établissement de normes de qualité visant à améliorer la prise en charge des patientes atteintes (entre autre) d’un cancer du sein,
  • de la reconnaissance de l’importance de l’accompagnement psychosocial (AR, article 4, § 2).

Europa Donna Belgium et Europa Donna European Breast Cancer Coalition ont sans relâche depuis leurs créations, insisté sur l’importance de soins de qualité pour les femmes touchées par le cancer du sein. Dans ce cadre, l’ensemble des membres d’Europa Donna Belgium ont fait part lors de leur réunion du 11 avril 2002, de leur souhait de vous transmettre plusieurs remarques que leur ont suscitées ces deux arrêtés :

  1. En ce qui concerne la prise en charge psychologique et sociale, l’arrêté royal reconnaît la nécessité de l’accompagnement psycho-social pour les soins oncologiques mais nous notons dans l’article 4 § 2, 2ème alinéa que « …Pour les compétences précitées, il peut éventuellement être fait appel aux membres de l’équipe pluridisciplinaire assumant la fonction palliative… ».
    Il nous paraît totalement inadapté de grouper l’aspect de prise en charge psycho sociale et les soins palliatifs. EDB défend dans ses objectifs une prise en charge thérapeutique optimale incluant la prise en charge psychosociale dès l’annonce du diagnostic pour toutes les femmes touchées par le cancer du sein. Cela implique la présence d’un psychologue ou psychiatre intégrés à l’équipe soignante.
    Il est indispensable d’assurer que la prise en charge psychosociale liée à l’annonce du diagnostic et lors de l’hospitalisation soit clairement dissociée et donc nettement différenciée du volet de la prise en charge par les soins palliatifs à d’autres stades de l’évolution de la maladie. Pour nous, il est essentiel de prévoir des dispositifs qui excluent la confusion de rôle entre les équipes d’accompagnement psychosociales et les soins palliatifs.

  2.  Concernant « L’encadrement médical requis » AR section 2 et AM chapitre 1, art. 1er. Le cancer du sein est actuellement pris en charge en Belgique par des gynécologues et des chirurgiens . Certains sont organisés en Cliniques du sein pluridisciplinaires.
    C’est ici que nous aimerions vous suggérer de reconnaître et d’agréer cette forme de clinique qui dispose des techniques et des spécialistes reconnues comme essentiel(le)s dans le diagnostic et le traitement de la pathologie mammaire. Cela permettrait à la Belgique d’introduire un label de qualité tel que recommandé par les spécialistes les plus éminents représentés dans les organes européens, dont il est question plus loin dans ce courrier. Nous nous permettons de joindre à ce courrier les ‘guidelines’ de la clinique du sein.
    Ces médecins appliquent déjà aujourd’hui les traitements oncologiques les plus modernes de leurs disciplines respectives. EDB souhaite attirer votre attention sur l’importance de reconnaître ces médecins spécialistes comme gynécologues-oncologues et chirurgiens-oncologues tout en imposant d’ apporter la preuve de leurs compétences. Par ailleurs, et vous en convenez sans aucun doute, il nous apparaît comme évident que le médecin interniste-oncologue n’est pas en mesure de maîtriser de manière satisfaisante les aspects chirurgicaux du traitement du cancer du sein. Dans le cas particulier de la Clinique du sein (modèle recommandé par des consensus internationaux tel que ceux de l’European Breast Cancer Conference Florence 1998 et Bruxelles 2000 et ceux de l’European Society of Mastology), l’interniste-oncologue n’est pas en première ligne dans la prise en charge thérapeutique. Il fait partie de l’équipe pluridisciplinaire. Cela nous permet de conclure qu Il est donc essentiel d’inclure le gynécologue oncologue et le chirurgien oncologue dans le chapitre 2 de l’AM pour les retenir dans les médecins spécialistes avec des titres professionnels particuliers.

  3. Concernant AM, chapitre III Art. 3, critères d’agrément des maîtres de stage. Dans le cadre de la Clinique du sein, il faut souligner que les médecins qui en sont responsables (gynécologue-oncologue ou le chirurgien-oncologue) devraient obtenir l’agrément de leurs services comme service de stage afin de pouvoir organiser la formation de jeunes médecins aux aspects pluridisciplinaires les plus performants et modernes de la médecine du cancer du sein (diagnostic, chirurgie, psychologie, traitements adjuvants).Pour assurer cette formation le nombre de nouveaux patients doit être au minimum de 150 par an (de préférence 100 pour la Belgique) (Recommandations internationales de l’European Breast Cancer Conference Florence 1998 et Bruxelles 2000 et ceux de l’European Society of Mastology).

Dans un esprit de dialogue constructif, EDB souhaite connaître vos opinions sur ces remarques.
Nous nous sommes en effet engagées à tenir informées nos membres et en particulier les femmes touchées par le cancer du sein dans notre pays sur le suivi du projet ambitieux de la réforme des soins oncologiques qui les concernent toutes.
Nous sommes tout à fait disposées de vous rencontrer ou d’apporter notre expérience dans le cadre d’un groupe d’experts pour réexaminer certains aspects du texte.
Dans l’espoir d’obtenir de vos nouvelles et de connaître vos opinions en la matière, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre haute considération.

  
Mariane de Vriendt, Présidente
Dr. Fabienne Liebens,Vice-Présidente
Dr. Anne Vandenbroucke, Vice-Présidente
Dr. Birgit Carly, European Delegate
Johanna Schröder, Sécretaire
Sibylle Fleitmann, Trésorière
Michèle Salden, Administratrice

Copie au Cabinet de Mme.M.Aelvoet