Coalition européenne contre le cancer du sein
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Progrès en imagerie du sein

Anne-Pascale SchillingsDr Anne-Pascale Schillings, Clinique du Sein, Clinique Saint Pierre, Ottignies - Louvain la Neuve

 

Les progrès de l’imagerie médicale sont constants, et permettent d’améliorer l’efficacité du dépistage et du diagnostic du cancer du sein. L’exposé permettra de détailler les différentes innovations. Parmi les plus significatives, nous retenons la mammographie numérique, les nouvelles méthodes de biopsie, les appareils d’échographie à très haute fréquence et l’imagerie par résonance magnétique.
 

 

La mammographie numérique

La mammographie numérique permet de radiographier le sein avec un support digital. Cette technique ne bouleverse pas réellement le diagnostic, mais permet de bénéficier de tous les avantages de l’informatique pour analyser les images : agrandissement des détails, modification du contraste…De plus, les images informatisées peuvent être  envoyées d’un centre à l’autre par l’internet, ce qui facilitera dans le futur la double lecture des images. Enfin, il existe maintenant des logiciels « d’aide au diagnostic » qui permettent l’analyse automatique des images, et qui guident le radiologue en lui indiquant les zones suspectes.

Echographie

Les nouveaux appareils d’échographie sont très performants : grâce aux sondes à très haute fréquence, on peut analyser des très petites lésions de 2 ou 3  millimètres… L’échographie ne détecte pas toutes les anomalies (notamment, les microcalcifications qui peuvent traduire un cancer débutant), et ne peut donc être utilisée qu’en complément de la mammographie ;  par exemple quand les seins sont denses ou qu’on veut  préciser la nature d’une anomalie décelée par la mammographie ou la palpation.

Biopsie

Les tables de biopsie améliorent le confort de la patiente pour la réalisation des prélèvements sous contrôle de la mammographie : la patiente est couchée sur le ventre, le sein est placé dans une ouverture créée dans la table,  et les biopsies sont réalisées par le radiologue qui travaille sous la table, en dehors de la vue de la femme, et donc avec moins de stress pour elle.

Les aiguilles utilisées pour réaliser les biopsies ont également évolué ; en quelques années, on est passé de la ponction à l’aiguille fine (qui prélève quelques cellules), aux microbiopsies, (qui analysent des petits fragments de tissu de l’épaisseur de quelques cheveux), et enfin aux macrobiopsies sous aspiration (qui obtiennent des fragments de la taille d’un petit macaroni). Le tout, rassurez-vous, sans douleur pour la patiente, puisque les biopsies sont faites après anesthésie locale du sein, et donc sans aucune sensation vraiment pénible. Et sans abîmer le sein, puisqu’à part un petit « bleu » transitoire, il n’y a aucune trace visible et pas de cicatrice. Le fait d’augmenter la taille des prélèvements permet une meilleure analyse des lésions, et diminue le risque d’erreur.

 

La résonance magnétique (IRM)

La résonance magnétique (IRM) est une technique  extraordinaire qui risque de bouleverser l’imagerie du sein. Le principe de l’examen est tout à fait différent de celui de la mammographie et de l’échographie qui recherchent « une boule » ; l’IRM, elle, analyse les vaisseaux sanguins du sein, et détecte ce qu’on appelle la néoangiogenèse.  Une tumeur, même très petite, possède des petits capillaires anormaux, qui lui apportent du sang pour la nourrir ; ces capillaires sont décelés par l’IRM qui est donc une technique très sensible, capable de déceler des  cancers invisibles en mammographie ou en échographie. Malheureusement, la méthode n’est pas très spécifique : ce qui signifie qu’une anomalie détectée par l’IRM n’est pas nécessairement un cancer. Il y a donc un risque de « faux positifs » et  de biopsies inutiles.

En pratique, l’examen par IRM  est impressionnant mais non douloureux. Après avoir placé au pli du bras une petite perfusion, qui permettra pendant l’examen d’injecter un produit de contraste pour voir les vaisseaux sanguins du sein, on demande à la patiente de se coucher sur le ventre dans la machine. Il s’agit d’un long tunnel, ouvert aux deux extrémités, et qui fait un bruit de marteau- piqueur ou de boîte de nuit « techno » ! L’examen dure 10 à 20 minutes, et n’est pénible que pour les personnes très claustrophobes.

L’IRM ne remplace pas la mammographie, mais vient en complément du bilan classique dans certaines situations.

Entre autres :

  • Lors du bilan pré-opératoire du cancer, l’IRM permet  de mieux préciser la taille de la tumeur et de déceler parfois des petites tumeurs supplémentaires dans le voisinage de la lésion principale.  L’intérêt de cet examen est encore en cours d’évaluation.  Mais on pense qu’il pourrait avoir deux avantages : premièrement, donner plus de chances d’enlever au cours d’une seule opération toutes les zones anormales et diminuer ainsi  le risque de devoir réopérer une deuxième fois parce qu’on n’a pas enlevé assez. Deuxièmement, diminuer à long terme le risque de récidives locales, qui pourraient survenir quelques années après l’opération parce qu’on a laissé dans le sein une petite anomalie méconnue. Des travaux supplémentaires sont en cours pour confirmer ces hypothèses, et voir s’il y a un effet sur le taux de survie.
  • Pour le dépistage chez les patientes à très haut risque de cancer (mutation génétique), de nombreuses études ont prouvé que l’IRM est la méthode la plus efficace pour diagnostiquer le cancer à un stade précoce.

 

Conclusion

Les  nouvelles techniques ne vont pas dans l’immédiat remplacer la mammographie, qui reste une bonne méthode pour dépister et diagnostiquer le cancer du sein. Mais il est possible que dans le futur (quelques dizaines d’années ?), la mammographie soit supplantée par d’autres techniques plus sensibles, et non irradiantes. Ou que toutes les méthodes disponibles soient combinées entre elles afin de se compléter l’une l’autre et d’arriver à la meilleure efficacité possible. Mais cette combinaison de méthodes coûte cher…. et il faudra trouver des budgets pour la financer !

(Action Sein 2006)